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1.2.2 Pourquoi veiller ?

Les raisons de faire de la veille sont multiples, compte tenu des trois contextes évoqués. On peut donner au moins 5 raisons pour inciter les individus, notamment les étudiants, à faire de la veille :

 

I - Pour anticiper 

La première raison est la nécessité d’anticiper sur les évolutions à venir. On réduit trop souvent la veille à une simple fonction d’information permanente, de surveillance de l’environnement, de suivi documentaire d’un sujet. Or, faire de la veille, au sens fort du terme, ne consiste pas à savoir ce que tout le monde sait, mais à jouer les éclaireurs, à chercher à déceler l’inattendu, à deviner l’imprévisible… Cela se fait par le repérage des signaux faibles :

– Repérer les « signaux faibles » : la raison d’être de la veille (selon sa définition), c’est bien d’essayer de déceler ce qu’on appelle les signaux faibles, cad l’information à bas bruit, qui est le contraire du buzz, l’information rare, discrète, noyée sous le flot du déluge informationnel, et qui va pourtant apporter une véritable « information », une nouveauté : l’apparition d’un nouveau produit, d’un nouveau front de recherche, d’une nouvelle thématique… Un signal faible, c’est une « information qui annonce le changement d’une tendance et doit déclencher un travail de recherche d’informations complémentaires pour la confirmer et permettre le déclenchement d’une analyse stratégique » (L. Hermel)

Pour les étudiants, la veille permet par exemple de déceler les métiers de demain, qui ne sont pas encore apparus, les évolutions sociétales émergentes, les nouvelles problématiques de l’enseignement…

 

II - Pour surveiller son environnement : détecter les menaces, les opportunités, les tendances…

La fonction de surveillance de l’environnement est la deuxième fonction essentielle de la veille, et elle se trouve étroitement reliée à l’anticipation et à la détection des « signaux faibles ». Par exemple, dans le contexte actuel, cette fonction de surveillance de l’environnement se traduit notamment par une veille active sur les projets du ministère, les évolutions en cours de la fonction des enseignants, etc. Un enseignant, comme n’importe quel professionnel, a tout intérêt à se tenir bien informé des évolutions de son métier, de son cadre législatif, des nouveautés pédagogiques…


III - Pour surveiller ses thèmes de recherche : un enjeu pour les chercheurs, les étudiants, les ingénieurs…

La veille est devenue également une nécessité pour les chercheurs, les doctorants, les étudiants de Master, les enseignants. Cette fonction se confond ici avec les deux premières, mais elle concerne spécifiquement la sphère scientifique : il s’agit pour un chercheur, un laboratoire, de surveiller très attentivement tout ce qui se fait dans son domaine, d’identifier les acteurs qui travaillent sur le même sujet, les revues, de détecter les travaux innovants, etc. ; pour un doctorant, de  repérer les autres thèses produites ou engagées sur des sujets proches. Pour un enseignant du secondaire, et pour un étudiant de Master des Métiers de l’Education et de la Formation, une veille pédagogique et disciplinaire permet de se tenir informé des nouveaux travaux, des dernières avancées de la recherche, elle permet d’identifier des experts, des chercheurs, des sources fiables qui vont alimenter la formation permanente de l’enseignant.


IV - Pour surveiller sa « e-réputation » : un enjeu pour les organisations, les collectivités…,  mais aussi pour les individus

Savoir ce que l’on dit de soi, surveiller son « image » : cette nouvelle  fonction de la veille est aujourd’hui en plein essor, à l’heure des réseaux sociaux et de la réputation numérique. Cette fonction, de plus en plus importante pour les entreprises, les organisations, les politiques, concerne aussi les particuliers, les usagers, les chercheurs, tous les acteurs du web.
Deux nouveaux types de veilles, très liées, ont émergé avec le web social :

– La veille d’image (ou veille image)de notoriété, cad la surveillance de l’image de l’entreprise, d’une personnalité, d’un dirigeant, mais aussi d’un individu et de sa « é-réputation » ; la veille d’image est un secteur en pleine expansion, qui donne naissance à un véritable marché, avec les entreprises de gestion de l’é-réputation, qu’on estime déjà à plus de 150 en 2011[1] ; cette veille s’appuie sur de  nombreux outils, gratuits comme les moteurs de recherche de personnes, ou professionnels.
Les enseignants sont et seront de  plus en plus concernés par cette veille d’image, qui peut porter à la fois sur leur établissement, sur tel ou tel enseignant, sur eux-mêmes, etc. La veille image consistant à suivre par exemple ce que disent les élèves sur les réseaux sociaux, sur Twitter…

– La deuxième veille, symétrique de la veille d’image, est la veille sur les personnes, qui peut porter à la fois sur la surveillance d’un expert, sur l’image d’une personne particulière, mais aussi établir la cartographie des relations d’une personne, etc. Les principaux outils utilisés sont les moteurs de recherche de personnes, les applications et les outils spécifiques pour les réseaux sociaux, pour Twitter, etc.

Ces deux types de veilles sont promis à un bel avenir, compte tenu de l’importance des enjeux de la gestion des identités numériques. Elles intéressent potentiellement tout le monde, tous les internautes, qui laissent d’innombrables traces de leurs activités sur le web.


V - Pour… ne pas s’endormir ! La veille comme état d’esprit

Le ressort de la veille, c’est la curiosité, le besoin permanent d’information ; pour les futurs enseignants, veille et formation continue sont étroitement mêlées, celle-là entretenant celle-ci. Pas d’auto-formation sans veille… Faire de la veille est donc l’un des meilleurs moyens, non seulement d’être bien informé, mais de former en permanence.

Pour les étudiants, développer la démarche de veille, c’est également entretenir la curiosité intellectuelle. La veille n’est que la pointe avancée de l’information…

En bref, la veille c’est un état d’esprit, et pas seulement une pratique, une stratégie ou des outils…


[1] Veille Magazine, mars-avril 2011, p. 23


Modifié le: Monday 22 November 2021, 19:51